Il existe trois grands types de réactions face à notre sensibilité émotionnelle.

Certains d’entre nous ont tendance à développer, en toute inconscience, des stratagèmes pour éviter de se trouver confrontés aux situations délicates, c’est le cas le plus fréquent. D’autres font appel à la force et à la détermination pour construire un mur de protection entre leur réalité émotionnelle et ce qu’ils manifestent extérieurement. L’émotion est ici réfrénée. Cela a pour avantage de leur permettre de rester apparemment calmes et procure une sensation artificielle de confort et de maîtrise. D’autres encore, ce sont les plus rares, parviennent à rester observateurs de l’émotion qui les traverse, ils l’accueillent, la regardent être sans la réprimer et sans s’y identifier.

Que dire de ces trois modes réactionnels ?

Le premier est inconscient et peut entraîner dans un tourbillon émotionnel qui débouche sur la perte de contrôle de soi-même, de ses capacités physiques et mentales. Cela a tendance à faire passer la personne pour une maladroite où carrément une simple d’esprit, suivant les situations et réactions. De surcroît, plus l’émotion augmente, plus les choses empirent… car l’émotion s’auto-alimente. Personne ne souhaite se trouver dans ce genre de situation !

Dans le second cas, face à une stimulation émotionnelle dérangeante : peur, colère…, la personne reste derrière un mur de protection émotionnelle et ne réagit pas. Elle est extérieurement égale à elle-même, mais à l’intérieur elle bouillonne, car l’émotion réprimée n’en est que plus puissante. Certaines techniques, que je ne nommerai pas, sont dédiées à cette soirt de maîtrise et sont fort efficaces pour bloquer les émotions. Dans un premier temps, cela apporte de la satisfaction aux pratiquants, car ils échappent aux éventuels orages émotionnels qui les mettaient si mal à l’aise néanmoins avec le temps, ils se trouvent face aux limites de cette pratique. Ils se sentent profondément tristes, voire déprimés, car coupés de leurs ressentis intérieurs et de ce qui pourrait les rendre heureux. Qui plus est, un beau jour, s’ils persistent sur cette voie, ils sont victimes d’un violent débordement émotionnel. En effet, lorsque la pression est devenue trop importante, la cocotte explose !

Dans ce cas, l’émotion est « gérée » uniquement en surface, ce qui la rend extrêmement dévastatrice en profondeur. Ainsi, la personne qui a refoulé ses nombreux ressentis émotionnels faute de les accepter, se transforme en une véritable bombe à retardement émotionnelle. En outre, ce genre de démarche crée une sensation de tension permanente. Le pratiquant ne se donne jamais le droit de lâcher prise, il est en permanence en autocontrôle. Je ne recommande à personne d’opter pour ce genre de méthode, même si en apparence tout va bien.

L’émotion, comme tout symptôme envoyé par notre corps, est une manifestation de notre réalité intérieure. Cette partie de nous nous envoie un signal qu’il nous appartient de déchiffrer pour pouvoir avancer. C’est exactement le même mécanisme avec les symptômes physiques que l’on appelle : maladie. Il est important de les accueillir avec une infinie bienveillance, d’écouter leur message et de réajuster nos comportements.

Ne pas être victime d’un orage émotionnel ne signifie pas ne pas le voir ni ressentir d’émotions, mais observer ce qui se passe en soi comme un témoin, sans se laisser entraîner dans un tourbillon émotionnel. Cela est vrai aussi bien pour les émotions positives que négatives. Il s’agit du troisième type de réponse, celui qui permet de rester dans l’œil du cyclone et de regarder passer la tempête sans avoir à en souffrir ou à en devenir addicte s’il s’agit d’émotions positives.

Si l’attitude du témoin est la plus confortable et adaptée, comment y parvenir ?

Pour pouvoir rester en paix et conserver ses capacités intactes en toutes circonstances, deux ajustements faciles et rapides sont indispensables. L’un est purement physique : il s’agit de modifier sa respiration et de la rendre consciente et l’autre est intérieur, il consiste à rester observateur de la situation sans s’impliquer émotionnellement.

Voyons tout d’abord la réponse physique imparable !

Elle est simple et radicale ; il s’agit de passer d’une réspiration automatique, gérée par le système nerveux autonome, à une respiration consciente, gérée par le système nerveux central. Cela permet de transmettre les rênes du subconscient – qui régit les fonctions vitales – au mental conscient. C’est-à-dire de passer d’un mode de fonctionnement incontrôlé, à un mode de fonctionnement sous contrôle.

Ouvrons ici une parenthèse à propos du diaphragme, muscle profond responsable en grande partie de la respiration. Cela vous permettra d’avoir une vision claire de l’impact de la modification de la respiration sur l’ensemble du système. Ce muscle profond, géré la majeure partie du temps de manière automatique par le système nerveux autonome, a la particularité de pouvoir être également commandé par le système nerveux central, c’est-à-dire de manière consciente. Cela signifie d’un point de vue symbolique et énergétique passer d’un mode de fonctionnement inconscient à un mode de fonctionnement conscient. Le regard de la conscience se porte ainsi sur ce qui est en train de se produire et, dès lors, nous avons le choix entre alimenter ou non le déferlement émotionnel naissant.

Le second bénéfice majeur du passage à une respiration consciente provient du massage donné aux organes internes : estomac, pancréas, foie, rate, reins… Et auplexus solaire (qui est en relation directe avec le centre énergétique qui régit les émotions). Cela permet une action locale de libération des tensions émotionnelles d’un point de vue physique et énergétique.

Et le troisième bénéfice de ce type de respiration est l’apport important d’oxygène aux muscles et au cerveau qui procure rapidement un apaisement et une régénération générale.

Voyons à présent, d’un point de vue concret, en quoi consiste cette si précieuse respiration.

Je vous propose, pour faciliter votre première expérience, de vous allonger tranquillement et de prendre quelques instants pour observer votre respiration puis :

1 – Placez votre main droite sur la zone de l’estomac.

Inspirez/gonflez l’abdomen et expirez/relâchez complètement.

Votre main doit nettement monter et descendre.

Faites cet exercice jusqu’à ce que le mouvement soit devenu familier.

Passez ensuite à l’exercice suivant.

2 – Placez votre main droite sur la zone de la poitrine (le décolleté chez les femmes).

Inspirez/faites monter la cage thoracique et expirez/relâchez.

Votre main doit nettement monter et descendre.

Faites cet exercice jusqu’à ce que le mouvement soit devenu familier.

Passez ensuite à l’exercice suivant.

3 – Placez votre main droite sur la zone du bas ventre : entre le nombril et les organes génitaux.

Inspirez/faites monter le bas ventre et expirez/relâchez.

Votre main doit nettement monter et descendre.

Faites cet exercice jusqu’à ce que le mouvement vous soit devenu familier.

Passez ensuite à l’exercice suivant.

4 – Reposez les deux mains sur le lit paumes vers le haut et concentrez-vous sur votre respiration :

Inspirez/gonflez l’abdomen puis le bas des côtes et haut des côtes, dans un mouvement fluide.

Expirez en relâchant sens inverse : haut des côtes, bas des côtes, abdomen.

Faites cet exercice jusqu’à ce que le mouvement soit devenu fluide et familier.

Cette pratique est nommée respiration yogique ou des trois étages. Vous pourriez vous arrêter là, mais ce serait dommage, car elle est beaucoup plus performante lorsqu’elle est rythmée.

5 – Poursuivez vos respirations yogiques et ajoutez à présent les comptes :

Inspirez sur le compte de 3 (secondes plus ou moins).

Expirez sur le compte de 5 (secondes plus ou moins).

Une fois que cette respiration vous sera devenue familière, vous pourrez la pratiquer n’importe où et à tout moment, y compris lorsque vous marchez. Vous pourrez compter 3 pas sur l’inspiration  et 5 pas pour l’expiration.

Ce genre de respiration vous sera certes fort utile pour vous prévaloir d’un orage émotionnel, mais pas que ! Elle vous sera également d’un grand secours pour conserver un « terrain émotionnel » sain. Elle permet en effet d’éviter l’accumulation, au fil des jours et des expériences, de tensions émotionnelles au niveau du plexus solaire et de l’appareil digestif !

Dans cette optique, je vous recommande de faire 10 respirations complètes avant de vous endormir, pour vous libérer des tensions émotionnelles de la journée et 10 au réveil pour activer la circulation d’énergie et de sang et commencer la journée dans de bonnes dispositions. Cette pratique sera d’autant plus puissante si vous vous réveillez sur la plage horaire du méridien du Poumon (MTC) : entre 4 heures et 6 heures du matin en hiver (3h00 – 5h00 GMT) et 5 heures et 7 heures en hiver.

Le fait de prendre le contrôle de sa respiration est tout simplement magique et a une action incomparable sur nos structures physique, énergétique, émotionnelle et mentale. Pour vous en persuader, le mieux est d’en faire l’expérience !

Au niveau intérieur, il est capital d’adopter l’attitude du témoin bienveillant. C’est-à-dire de regarder la situation sans s’impliquer. L’émotion ne sera ici ni nourrie ni rejetée, mais accueillie.  Cette attitude requiert d’être suffisamment centré(e) pour détecter les premiers symptômes d’une émotion.  Cela permet trois choses fondamentales. Premièrement d’être conscient(e) de ce qui se passe et de ne pas se laisser emporter dans un orage émotionnel. Deuxièmement d’apprendre à détecter l’émotion naissante dès les premiers symptômes et être à même d’apporter la réponse appropriée avant qu’elle prenne de la force. Et troisièmement, de mettre en place instantanément la respiration yogique pour rétablir la paix physique et intérieure.

Comment réagir à une tempête émotionnelle de l’entourage ?

L’attitude intérieure et physique face à une émotion personnelle retenue ici reviuent à l’accueillir sans lui opposer de résistance qui, à un certain niveau, la nourrirait. Ce même comportement est également bénéfique face à une tempête émotionnelle en provenance de personnes autour de soi. Il est souhaitable de regarder le film se dérouler sans s’impliquer émotionnellement. C’est-à-dire de ne pas apporter d’énergie pour le nourrir ainsi, faute de munitions, la tempête n’aura d’autre choix que de s’apaiser !

Il ne s’agit bien entendu pas de rester insensible à l’émotion de l’autre, expression d’un ressenti profond, comme le serait une personne qui a construit un mur émotionnel. Au contraire, loin de la considérer froidement et d’attendre que ça passe, la personne et son ressenti émotionnel seront accueillis avec bienveillance. Cette ouverture du cœur permet de saisir de manière objective les différents paramètres de la situation, d’être connecté(e) à notre intuition et d’apporter les réponses opportunes à la souffrance de l’autre. Et le plus précieux, de rayonner d’une énergie d’Amour, de bienveillance et de compassion, qui est toujours un remède magique sur les affres intérieures.

La technique bienveillante du témoin associée à la respiration consciente fonctionne ainsi aussi bien pour gérer son monde intérieur que sa relation avec le monde extérieur. Alors pourquoi attendre plus longtemps pour mettre en place ce merveilleux outil de paix intérieure ?